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mardi 1 mai 2012

COMPTE-RENDU DU CHAMPIONNAT DE FRANCE A ISSOIRE

Flashback : Nous sommes au soir de l’ouverture du championnat de France 2008 qui se dispute à Issoire et je viens de perdre, sur des irrégularités de course, de gros points dans l’optique du titre de champion de France national E2.
2010, retour à Issoire. Je veux prendre ma revanche et tout est réuni pour cela : J’ai eu le temps de récupérer des efforts du championnat du monde couru au Portugal, ma Sherco est prête et la météo est au beau fixe.
J’arrive sur place le mercredi après-midi pour commencer le repérage des trois spéciales. Je connais déjà l’extrême de Perrier qui, même si elle a été légèrement modifiée, reprend en grande partie le tracé de 2008. Ce que j’aime dans cette extrême c’est le fait qu’elle soit en majeure partie naturelle avec en particulier une « falaise » que nous devons monter et descendre à plusieurs reprises. C’est très sympa à rouler, d’autant que le public est très proche de nous, mais comme toujours dans ce genre d’exercice il ne faut surtout pas s’y bloquer sinon adieu le podium.
Cette année la nouveauté se trouve à Villeneuve Lembron où les organisateurs ont tracé une belle spéciale dans un champ en pente. Du fait de l’herbe fraiche du printemps le grip y sera précaire tout au long du week-end mais à première vue le tracé me convient.
L’ultime chrono se situe non loin d’Issoire, au Broc. Là aussi nous retrouvons une spéciale déjà courue il y a deux ans. Le dévers est assez important et le terrain
très sec pour la saison donc là aussi l’adhérence sera moindre. J’aime ce tracé varié dans lequel on pourra prendre de la vitesse, le tout ponctué de jolis freinages en descente.
Je termine l’exercice fastidieux des reconnaissances tôt, dès le jeudi soir, ce qui me laisse du temps pour aller rouler sur le « training » le vendredi. Je le fais très rarement en temps normal mais cette fois j’ai deux raisons de le faire :
- Je veux affiner les réglages de la cartographie de ma moto avec l’aide de Didier Tirard qui est venu assister à la course.
- Je dois roder une nouvelle paire de bottes TCX (magnifiques en noir) que Gazz Hall Moto m’a fait parvenir.
Fin des préparatifs, place à la course !


Samedi matin, je m’élance en direction de la spéciale extrême que l’on rejoint peu de temps après le départ. Celle-ci n’est pas chronométrée lors du premier passage donc j’en profite pour valider les choix de trajectoires que j’ai effectué la veille. Mes choix semblent judicieux mais mon assistance regarde les variantes intéressantes que d’autres pilotes ont pu trouver afin d’avoir un maximum d’informations sur les traces qui « vont vite ».
Les choses sérieuses commencent quand j’arrive à la spéciale de Villeneuve Lambron. Je pars super motivé, je roule comme je sais le faire et sors avec satisfaction le meilleur temps de ma catégorie, reléguant même à 5 secondes le deuxième. Un départ en fanfare dont je suis assez coutumier, reste à confirmer… Le contrôle horaire situé juste à coté me permet de savourer mais ce n’est que le début.
D’ailleurs le chrono suivant m’est moins favorable. Je sors le 4ème temps, et on assiste à un regroupement des pilotes de tête. Tout le monde se tient dans un mouchoir de poche, la journée s’annonce chaude, au propre comme au figuré ! Le premier des trois tours de course s’achève ainsi.
Au niveau du parcours de liaison il n’y a rien de difficile mais la température et la poussière associées à des chemins qui « tabassent » vont user les organismes et les motos.
Dans la spéciale extrême je mets en application ce que j’ai testé le matin, roule proprement sans me bloquer ce qui se traduit par un bon 3ème temps. Kevin Rohmer fait un temps venu d’ailleurs mais je garde la tête du provisoire. Les écarts réalisés dans la spéciale de Villeneuve Lambron sont beaucoup plus faible donc le 4ème chrono que j’y réalise n’est pas une contre-performance.


S’ensuit pour moi une petite baisse de régime, chose que j’ai déjà constatée dans les courses précédentes à mi journée sans en connaitre la cause. Voulant compenser ce passage à vide que je ressens je compense en attaquant plus mais je roule du coup moins relâché. Cela se traduit par un 6ème temps dans l’ultime chrono du deuxième tour, ce qui me relègue à la quatrième place provisoire. La concurrence est telle entre les cinq premiers pilotes de ma catégorie que tout faux pas se paie cash.

Le retour au contrôle horaire me permet de reprendre mes esprits et faire le point sur les positions pour repartir à l’attaque. Je réalise un beau 2ème temps dans l’extrême qui me permet de remonter à la deuxième place du provisoire même si Alexandre Queyreyre y réalise la bonne opération du jour en se détachant de la meute. Il ne faut pas être cardiaque et savoir résister à la pression !!!
Les écarts constatés au terme de l’avant-dernière spéciale du jour dans laquelle j’obtiens le 5ème temps sont une fois de plus très faibles, tout se jouera donc dans l’ultime chrono… Je peux aussi bien finir la journée deuxième que quatrième.
Le parcours de liaison n’est qu’une simple formalité et j’ai retrouvé toute ma « gnac » au moment d’aborder le moment de vérité de la journée. Je donne tout ce que j’ai et passe la cellule d’arrivée où l’écran affiche le 3ème temps. J’attends fébrilement que mon assistance fasse les comptes et là c’est la déception. Je suis 4ème au cumul de la journée, le podium m’échappant pour seulement un dixième de seconde.


J’enrage et commence à penser que j’ai la malédiction du podium… La mécanique du soir se passe bien et même si je suis vraiment agacé d'avoir perdu ce podium pour si peu, je ne suis pas abattu pour autant. J’ai bien l’intention de redresser la barre le lendemain.
En analysant ma journée je constate que c’est en voulant compenser mon coup de pompe de la mi-journée que j'ai trop attaqué, forçant mon pilotage ce qui est contre productif sur ce type de terrain. J’adopterai une autre tactique demain.


En ce dimanche matin la spéciale extrême est chronométrée dès le premier passage donc je m’échauffe en conséquence. Je m’élance dans l’arène en axant mon pilotage sur deux points : Garder du rythme dans tous les passages et rester coulé. Même si je m’aperçois vite que le terrain s’est un peu défoncé je garde toujours de la vitesse si bien que je décroche, une fois de plus, le scratch de cette première spéciale du jour devant Romain Boucardey. Mais cette fois je suis bien décidé à garder cette place jusqu’au drapeau à damier.
Le chrono suivant donne l’avantage à mon coéquipier Sherco, ce qui lui permet de reprendre le leadership mais je suis au contact. Dans la dernière spéciale qui boucle le premier tour je décroche le 3ème temps ce qui conforte ma place de deuxième au provisoire. La journée semble devoir se jouer entre coéquipiers, l’équipe Sherco est aux avant-postes.
Dans cette guerre des nerfs mon expérience acquise lors du championnat 2008 m’est fort utile, je sais comment gérer ce genre de situation.
Arrive donc le deuxième tour qui m’avait été défavorable la veille. Afin de ne pas faiblir à nouveau je change mon alimentation, ce qui a un effet positif puisque je ne ressens pas de baisse de régime. Je fais même le meilleur temps dans la spéciale extrême (avec une sortie de spéciale en catastrophe mais ça passe) avec un écart significatif ce qui me permet de revenir fort.
Je ne m’affole pas quand dans le chrono suivant je ne réalise que le 4ème temps car les écarts sont une fois de plus très faibles.
Je clôture en beauté le deuxième tour en gagnant la spéciale du Broc, grappillant seconde après seconde. Cette journée ressemble à un match de boxe, chacun se rendant coup pour coup, jusqu’au K.O.
Et le K.O. c’est moi qui l’assène dans le chrono suivant. La spéciale extrême me réussit vraiment car non seulement je fais le 1er temps mais avec sept secondes de gagnées sur mon coéquipier j’en profite pour reprendre les commandes de la course avec une avance certes minime mais mieux vaut être devant…
Plutôt que d’adopter une attitude attentiste, je préfère rester offensif pour la fin de course. En fait j’ai demandé à mon assistance de ne plus me donner les positions au provisoire pour ne pas gamberger, me connaissant je pense qu’il en est mieux ainsi.
Comme souvent ce week-end la spéciale de Villeneuve Lambron ne permet pas de faire la différence dans un sens ou dans l’autre, et même si je lâche deux secondes je préserve ma place.

Arrive le moment le plus important du week-end, le dernier chrono au Broc. Mon assistance qui connaît la situation est beaucoup plus stressée que moi qui suis dans ma bulle, serein.
Je pars le couteau entre les dents et dès le départ je prends beaucoup de plaisir à rouler à fond. Je ne garde pas de marge mais je ne fais pas de faute pour autant, j’ai l’impression que rien ne peut m’arriver. Je franchis les cellules d’arrivée, heureux d’en avoir fini mais le panneau des résultats indique que Romain Boucardey me devance. Mon frère fait les calculs et m’annonce que je gagne la journée pour une seconde. Tout mon entourage exulte.
Pour ma part je suis vraiment très heureux de cette victoire car je l’attendais depuis longtemps. J’ai enfin vaincu le signe indien !


Au cumul des deux jours je monte sur la 2ème marche du podium, SHERCO faisant le doublé. Cela me permet de recoller au classement du championnat et de lorgner vers le podium final voir même le titre. J’ai appris de nouvelles choses sur moi, en m'alimentant différemment (le sucre magique) et en roulant à ma main sans me forcer et en prenant plus de plaisir à jouer avec le terrain.
Je dédie cette victoire à ma famille qui fait énormément de sacrifices depuis mes débuts pour que je réussisse et c'est la plus belle des récompenses pour eux.Par ailleurs cette épreuve aura été une grande première pour SHERCO puisqu’avec Fabien Planet et Romain Boucardey nous décrochons la victoire constructeur, ce qui est une juste récompense pour le travail accompli par SHERCO et plus particulièrement Didier Valade (sans oublier Thomas), Didier Tirard, Maxime Perdriolles et Alex Bazin. J’en suis très heureux

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