Comme je vous le laissais entendre dans mon article sur l'annulation du Dakar 2008, le célèbre rallye change de continent pour explorer les pistes de l'Argentine et du Chili (deux pays considérés comme relativement «sécuritaires»). L'édition 2009 se déroulera entre Buenos Aires, Valparaiso et Buenos Aires, du 3 au 18 janvier 2009. Elle bouclera 9 000 kilomètres, dont les deux-tiers seront constitués de spéciales.
Ce déménagement, après 30 ans d'existence ne risque-t-il pas de nuire à la légende de la mythique épreuve? C'est à craindre. En effet, dans notre imaginaire collectif le Dakar évoque les paysages du Ténéré, du Sahara et des villages du Niger ou du Mali. Il est synomyne de l'arrivée mythique au Lac Rose, à Dakar, au Sénégal. Les organisateurs d'Amaury Sport Organisation (A.S.O.) semblent confiants que «Le Dakar saura garder et entretenir des valeurs et un esprit uniques. L’Argentine et le Chili réunissent tous les ingrédients d’un formidable Dakar, tant au niveau de la topographie très variée que des paysages magnifiques ou encore des infrastructures. L’enthousiasme déclenché par la perspective d’accueillir l’épreuve promet un grand cru,» affirment de concert Patrice Clerc, Président d’A.S.O. et Etienne Lavigne, Directeur du rallye. Pourtant, dans une entrevue télévisée, Lavigne laisse entendre que le Dakar pourrait revenir en Afrique dans quelques années, si les conditions sont réunies. On nage en plein doute et même A.S.O. n'a pas l'air plus convaincu qu'il faut par ce déménagement forcé.
S'il est vrai que le Dakar est un événement à part dans le calendrier international et qu'il regroupe aujourd'hui des participants représentants plus de 52 nationalités différentes, il n'en reste pas moins vrai que l'essentiel de la couverture médiatique - et de l'intérêt public - demeure très franco-français. Et il faut bien reconnaître qu'historiquement, culturellement et géographiquement, les Français sont plus proches de l'Afrique (où ils ont eu de nombreuses colonnies, est-il besoin de le rappeler) que de l'Amérique du Sud.
Epreuve nomade par excellence, le Dakar est une compétition sportive de premier ordre qui mêle grands champions et amateurs. Ce qui a fait son succès et sa légende. La proximité relative de l'Afrique a permis à des centaines de pilotes privés de vivre leur rêve. L'Amérique du Sud leur offrira-t-elle la même possibilité? Ce n'est pas sûr! Et le rallye ne risque-t-il pas de se «professionnaliser»? C'est à redouter quand on réalise l'ampleur des budgets requis pour un amateur qui voudrait participer à une telle épreuve, au bout du monde. En s'éloignant de son terrain historique, en explorant un autre imaginaire collectif et en se coupant de sa base populaire et médiatique, le Dakar pourrait perdre son âme. Devenir un simple rallye parmi tant d'autres. Et donc revêtir un intérêt moindre. Esperons que ça ne sera pas le cas et que cette épreuve synonyme d'aventure saura préserver son mythe et garder son aura intacte.
Les inscriptions pour ce nouveau défi débuteront le 15 mai 2008. Les concurrents engagés sur l’édition 2008 seront prioritaires et bénéficieront pendant un mois d’un tarif identique à celui de cette année, ont déclaré les organisateurs.
Bonne chance et longue vie au Dakar (si le rallye conserve ce nom...)!
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