Saluez avec la main, la jambe ou la tête, mais saluez, de grâce!
Dimanche 11 novembre 2007
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais il n'y a rien qui me choque plus que de saluer un compère motocycliste et de ne pas être salué en retour. Je trouve cela insultant. Et je le prends très personnel. Je sais qu'il s'agit d'un sentiment totalement irraisonné dans la mesure où cette personne ne me connaît pas et ne me répond pas pour des raisons qui sont circonstancielles, environnementales ou culturelles. Mais pas personnelles. Pourtant, je n'arrive pas à m'y faire.
Certains groupes de motocyclistes ne saluent que ceux qui roulent sur le même type de moto qu'eux, voire la même marque. Ils ne reconnaissent pas dans les autres motocyclistes des confères dignes d'un bonjour. Comme quoi le fait de rouler en deux-roues motorisés ne garantit pas de facto la gratitude de nos pairs. C'est dommage, mais c'est ainsi. Néanmoins, si on est affecté de ne pas être salué, on l'est rarement de ne pas saluer les autres. C'est la vie!
Curieusement, nous sommes les seuls usagers de la route à nous saluer. Sans raison apparente. Parfois, il suffirait de rencontrer la personne à qui l'on vient d'envoyer la main pour le regretter aussitôt. Bien que nous partagions une passion commune, nous ne formons pas une caste uniforme. Nous représentons toute la diversité de la société. Toutes ses contradictions aussi. Et il y a autant de risques de tomber sur un con à moto qu'en voiture ou à pied. Et vice-versa!
Plus j'y pense et plus je suis persuadé que ce geste que nous posons sans vraiment y réfléchir est conditionné par notre passé minoritaire. Il s'agit d'un réflexe conditionné qui vient d'une époque où nous cherchions autant à nous démarquer de la société qu'à nous défendre contre elle. Un temps où il était facile de définir clairement le portait-type du motocycliste lambda. La loi du petit nombre garantissait notre unicité et renforçait notre intégrité identitaire. Si le fait d'être plus nombreux aujourd'hui nous garantit une plus grande visibilité et contribue à nous donner un début de respectabilité, il nous fragilise en tant que groupe. Comme couper du vin avec de l'eau l'altère irrémédiablement.
Le seul moyen de continuer à représenter un groupe solidaire, à défaut d'être cohérent, est de perpétuer des gestes comme le salut. Des gestes qui inconsciemment créent un lien entre nous. Et renforcent notre sentiment d'appartenance. C'est ce que les Français appellent « l'esprit motard ». Ne serait-ce que pour cette raison, la prochaine fois qu'un motocycliste vous enverra la main, répondez-lui donc. Ça ne vous coûtera rien et ça lui fera plaisir... Et vice-versa.
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