Des routes comme celle-ci on en rêve et on ne s'en lasse jamais. Le paradis du motocycliste!
Samedi 27 octobre 2007
Comme beaucoup de gens de ma génération, je voue un culte à la mouvance. Je veux toujours partir, quelque part, n'importe où, souvent sans raison. La «Beat Generation» a guidé ma jeunesse bercée par les livres de Kerouac, les «road movies» hollywoodiens et la musique de la Côte ouest, celle des Doors, Canned Heat, Grateful Dead et Jefferson Airplane. Des groupes qui faisaient tous l’apologie des voyages, de l’errance, de la quête.
Cependant, jusqu’à tout récemment, j’étais convaincu que la destination constituait le voyage. Qu’elle le cautionnait. Et je collectionnais les destinations comme d’autres les timbres ou les motos d’époque. Comme ces gens qui arborent fièrement des autocollants touristiques sur leur «bumper de char». Un voyage ne se concevait que s’il me permettait de découvrir une nouvelle contrée, une nouvelle culture, de nouveaux horizons. À la limite, je me serais fait téléporter à l’endroit choisi afin d’y arriver plus rapidement.
Au gré de mes périples, j’ai fini par réaliser que la destination n’était qu’une excuse pour prendre la route. Et que le chemin constituait, à lui seul, la justification de toute errance, de toute mouvance. Une fois arrivé à destination, le voyage est fini. Et qu’en reste-t-il sinon les péripéties du voyage?
Aujourd’hui, j’apprécie le temps passé sur la route. Je ne m’impose pas d’horaire trop strict et je m’accorde des pauses découverte. J’ai appris à planifier mes itinéraires plus en fonction des routes qu’ils me permettent d’emprunter que des destinations, intermédiaires ou finales, que je me suis fixées. La petite route qui ne mène nulle part ou aboutit dans un bled perdu est souvent plus agréable et intéressante que l’autoroute qui nous conduit à New York, Los Angeles, Vancouver ou Québec. Des endroits où j’aime bien aller, néanmoins. Mais en prenant le temps, maintenant. En faisant l’école buissonnière. Car la route la plus longue entre deux points est souvent le plus court chemin vers le bonheur.
Il n’est nullement nécessaire d’aller au bout du monde pour se faire plaisir ou se dépayser. Ainsi, autour de Montréal, et ailleurs au Québec, j’ai découvert des routes magnifiques, prétextes pour des excursions de quelques heures, de quelques journées, voire de quelques semaines, selon l’humeur du moment. Des routes que l’on emprunte pour partir en solo, en couple ou avec des amis. Pour se vider l’esprit, le soir après l’ouvrage. Ou encore se remplir la panse à la table d’un bon petit resto.
J’ai aussi réalisé que la durée du voyage était secondaire. Mieux vaut «triper» deux heures sur un tronçon d’asphalte serpentant autour de chez soi que de mourir d’ennui pendant des jours sur une autoroute rectiligne sans fin, à l’autre bout du monde. Cependant, je ne crache pas sur l'autre option: «triper» pendant des semaines sur une route de rêve, au fin fond de la pampa...
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