Deux demaines après avoir roulé la Grappe de Cyrano qui m’avait vu remporter la catégorie junior et terminer 14ème au classement général, l’heure était venue pour moi de me confronter à l’EWC (Enduro World Championship) à l’occasion du Grand Prix du Portugal disputé à Fafe, dans le centre du pays... Et qui dit Portugal dit long trajet !!!
Partis avec mes parents le mercredi matin de l’Aveyron pour avaler les quelques 1200 kilomètres de ce périple, nous allons dormir sur la route en Espagne pour arriver le jeudi matin et attaquer le repérage de spéciales au plus tôt.
Etant dans un état de fraicheur tout relatif, je commence par rejoindre le paddock et la structure officielle SHERCO qui va m'aider pour l'assistance et me permettre de rester dans le paddock A des « officiels », ce qui est très important en mondial car cela facilite la tâche de l’intendance.
J’enchaine directement par le gros du boulot, le repérage des spéciales en ligne et de l’extrême qui sont l'une à coté de l'autre. La ligne aussi appelée Enduro test est assez longue et à première vue me fait penser a une spéciale du trèfle lozérien avec des genêts et de gros rochers ronds. Mais détrompez-vous le Trêfle lozérien n'existe pas au Portugal et tout au long du week-end ce ne sera ni une classique ni une promenade de santé mais bien des spéciales de niveau mondial qui vont nous attendre ! Si elle n’est pas techniquement difficile, il y a cependant beaucoup de changements de rythmes avec des montées et descentes en dévers.
L’extrême test au tracé naturel, ce qui est rare, s'annonce elle vraiment technique, courte mais intense physiquement avec énormément de rochers à franchir et comme point spectaculaire une grosse marche en descente.
Fort heureusement le premier passage ne sera pas chrono ce qui me permettra de me familiariser avec les trajectoires, tenter des options paraissant osées à pied et découvrir les pièges à éviter plus tard.
La banderolée ou cross test se situe juste à coté du paddock et sera à peine moins longue que la ligne mais dans un environnement moins sympathique puisque nous serons en partie sur du remblai et sur une décharge !
Pas vraiment technique ce sera la plus rapide de toutes avec de gros freinages et du dévers...
Comme c’est la tradition depuis quelques années maintenant sur le championnat du monde, le vendredi soir se court le prologue ou spécial test. Dans la nuit tombante pour les juniors et dans l’obscurité pour les séniors. Le parcours est beaucoup plus court est plus impressionnant avec énormément de franchissement typé indoor comme des passages de pneus, de buses, de rondins, le tout agrémenté de sauts... L’intérêt étant bien sûr d’offrir du spectacle au public car pour pimenter le tout nous partirons dans la spéciale à deux mais avec chacun une piste dédiée. Dès le premier obstacle nous nous posons beaucoup de questions car c’est très technique. Les conseils de Pierre-Marie CASTELLA vont me mettre en confiance pour tout sauter dès le premier passage.
Je consacre la journée du vendredi aux derniers repérages et mets ma moto au parc. En fin de journée il me tarde de partir, tout d’abord pour en découdre dans le prologue mais aussi parce que l’orage menace et pour avoir vu sa force la veille je préfère passer sur le sec. Mon heure arrive; Pour l'anecdote je suis opposé à un autre pilote français, Yannick Tissot, qui court dans le team HMC; Je fais un bon départ jusqu’à ce que je cale à la réception d'un enchainement de sauts de rondins. Je perds un temps précieux mais je finis quand même 17ème de ma catégorie sur les 36 pilotes au départ.
La mécanique du soir est simple car il nous suffit de refaire le plein avant de mettre la moto au paddock et de courir se coucher pour être d’attaque le lendemain.
Samedi matin, mon heure de départ est fixée à 10h avec une arrivée prévue à 17h si tout se passe bien. Une “bonne” journée de moto s'annonce, avec un parcours de liaison qui va me paraitre plus long au fil des tours et l’horloge tourner de plus en plus vite... Pour moi le but de la journée est de rouler toute la journée sans faire d'erreur en étant le plus régulier possible.
Dès le départ nous entrons dans la banderolée « décharge » pour le premier chrono. J’ais du mal à me mettre dans le rythme mais nous sommes tous logés à la même enseigne ! Cela se passe correctement (16ème) mais en sortie de speciale je ne regarde même pas mon temps, préférant reprendre mon Camelback au plus tôt pour repartir en liaison et ainsi ne pas me faire piéger lors du premier tour car je ne sais pas quelle marge j’aurai aux contrôles horaies.
La liaison jusqu’à l’enduro test annonce la couleur de la journée car malgré les pluies de la nuit qui ont transformé les chemins en ruisseaux les temps « A » ont été conservés. Cela ajoute de la difficulté et devient technique.
L’enduro test typée « trêfle » est déjà un peu marquée, il va falloir enchainer les virages en anticipatant un maximum pour en ressortir le plus vite possible. Cela se passe moyennement car je commets beaucoup trop d'erreurs pour un mondial où rien ne pardonne, donc je ne sors que le 20ème temps. Pas le temps de gamberger, Fred Lambert nous a prévenu que la liaison à suivre est serrée donc j’enchaine et effectivement c’est très cassant avec énormément de rochers et de cailloux mais je n’ai pas le choix, il me faut tenir le rythme.
Une montée annoncée compliquée dans le CH serré est annulée car les top pilotes E2 ne parviennent pas tous à monter donc une deviation sur une grande piste « pikes peak » est empruntée pour rattraper le tracé initial. Je m’amuse dans les grandes descentes caillouteuses où ça tabasse, rassuré que je suis par la solidité de mon sabot Méca System. Je pointe avec deux minutes d'avance, ce qui est bien.
Avant de rentrer dans l’extrême test, quelques dificultés glissantes en montée (dans les cailloux pour changer) me font monter en température. J’observe les autres pilotes avant de m’élancer et c’est parti. Erreur interdite sous peine de le payer chèrement. Et je m’en sors très bien pluisque je décroche le 16ème temps de la catégorie.
Retour au paddock. A chaque CH j’ai environ 5/6 minutes pour manger et reprendre des forces pendant que l’équipe SHERCO et mes parents vérifient ma moto qui heureusement n’a pas souffert et c’est reparti pour la liaison qui ce coup ci est bien plus simple car nous empruntons beaucoup de route.
Dans la cross test je chute et laisser filer un temps précieux. J’enrage car je sais que la catégorie est si relevée que cela hypothèque mes chances pour la journée. Malgré tout je me reconcentre et hormis quelques calages je fais de bonnes spéciales, me classant dans les vingt premiers.
Pour conclure la journée je change mon pneu arrière pendant que les mécaniciens SHERCO vérifient tout. Ils réparent la lumière, un fil s’étant coupé et je remets la moto au parc, fatigué mais heureux. Je file consulter le pan neau des résultats, je termine 17ème de la journée et empoche les 4 points qui vont avec. J’espérais mieux mais compte tenu de mes petites erreurs cela reste correct.
Dimanche matin, retour aux affaires. Je ne suis pas trop marqué physiquement et il ne pleut pas donc la journée s’annonce bien. Je m’élance confiant mais malheureusement, dès le premier chrono, je chute et perds énormément de temps (environ 30 secondes). Cela me marque mentalement, je viens de prendre un grand coup derrière la tête.
A ma grande surprise le parcours de liaison n’a que très sensiblement évolué et donc je sais quel rythme adopter pour pointer à l’heure. D’ialleurs laliaison ne sera qu’une formalité tout au long de la journée.
Si j’ai de bonnes sensations physiquement il en est tout autrementalement. Ma tête ne suit plus, je ne suis plus dedans.
Cela se vérifie dans les spéciales suivantes où je multiplie les petites erreurs qui mises bout à bout font une grande différence. Et comme pour ne rien arranger je cale encore cela me relègue loin des meilleurs.
C’est vraiment une journée noire pour moi mais je persiste, je n’ai pas fait tout ces kilomètres pour baisser les bras. La fin de journée sera un peu plus à mon avantage mais le mal est fait, il est trop tard pour recoller au peloton de tête. Je cloture la journée à la 22ème place.
Au terme de cette manche du championnat du monde qui a été pleine d’enseignements et une expérience extraordinaire mon bilan est le suivant :
Physiquement j’ai le niveau pour endurer les efforts d’une journée de mondial mais je manque de rythme en début de journée. Je devrai faire en sorte d’être « réveillé » musculairement plus tôt, cela pouvant passer par un footing matinal ou un peu de vélo avant le départ.
Mon pilotage n’est pas encore assez précis. Je dois gommer toutes les petites erreurs qui sont récupérables en championnat de France mais pas sur une épreuve du championnat du monde. Je devrai aussi renforcer mon entrainement dans le défoncé, rouler plus en motocross pour justement garder le rythme dans les portions marquées et les grosses ornières.
Pour le reste cela passera par l’expérience et pour cela rien ne remplace la course, donc j’espère que mon budget me permettra de rouler le Grand Prix d’Italie, prochaine épreuve au programme.
Encore merci à toute ma famille, à l’équipe SHERCO et à tous mes partenaires qui rendent ceci possible !
Partis avec mes parents le mercredi matin de l’Aveyron pour avaler les quelques 1200 kilomètres de ce périple, nous allons dormir sur la route en Espagne pour arriver le jeudi matin et attaquer le repérage de spéciales au plus tôt.
Etant dans un état de fraicheur tout relatif, je commence par rejoindre le paddock et la structure officielle SHERCO qui va m'aider pour l'assistance et me permettre de rester dans le paddock A des « officiels », ce qui est très important en mondial car cela facilite la tâche de l’intendance.
J’enchaine directement par le gros du boulot, le repérage des spéciales en ligne et de l’extrême qui sont l'une à coté de l'autre. La ligne aussi appelée Enduro test est assez longue et à première vue me fait penser a une spéciale du trèfle lozérien avec des genêts et de gros rochers ronds. Mais détrompez-vous le Trêfle lozérien n'existe pas au Portugal et tout au long du week-end ce ne sera ni une classique ni une promenade de santé mais bien des spéciales de niveau mondial qui vont nous attendre ! Si elle n’est pas techniquement difficile, il y a cependant beaucoup de changements de rythmes avec des montées et descentes en dévers.
L’extrême test au tracé naturel, ce qui est rare, s'annonce elle vraiment technique, courte mais intense physiquement avec énormément de rochers à franchir et comme point spectaculaire une grosse marche en descente.
Fort heureusement le premier passage ne sera pas chrono ce qui me permettra de me familiariser avec les trajectoires, tenter des options paraissant osées à pied et découvrir les pièges à éviter plus tard.
La banderolée ou cross test se situe juste à coté du paddock et sera à peine moins longue que la ligne mais dans un environnement moins sympathique puisque nous serons en partie sur du remblai et sur une décharge !
Pas vraiment technique ce sera la plus rapide de toutes avec de gros freinages et du dévers...
Comme c’est la tradition depuis quelques années maintenant sur le championnat du monde, le vendredi soir se court le prologue ou spécial test. Dans la nuit tombante pour les juniors et dans l’obscurité pour les séniors. Le parcours est beaucoup plus court est plus impressionnant avec énormément de franchissement typé indoor comme des passages de pneus, de buses, de rondins, le tout agrémenté de sauts... L’intérêt étant bien sûr d’offrir du spectacle au public car pour pimenter le tout nous partirons dans la spéciale à deux mais avec chacun une piste dédiée. Dès le premier obstacle nous nous posons beaucoup de questions car c’est très technique. Les conseils de Pierre-Marie CASTELLA vont me mettre en confiance pour tout sauter dès le premier passage.
Je consacre la journée du vendredi aux derniers repérages et mets ma moto au parc. En fin de journée il me tarde de partir, tout d’abord pour en découdre dans le prologue mais aussi parce que l’orage menace et pour avoir vu sa force la veille je préfère passer sur le sec. Mon heure arrive; Pour l'anecdote je suis opposé à un autre pilote français, Yannick Tissot, qui court dans le team HMC; Je fais un bon départ jusqu’à ce que je cale à la réception d'un enchainement de sauts de rondins. Je perds un temps précieux mais je finis quand même 17ème de ma catégorie sur les 36 pilotes au départ.
La mécanique du soir est simple car il nous suffit de refaire le plein avant de mettre la moto au paddock et de courir se coucher pour être d’attaque le lendemain.
Samedi matin, mon heure de départ est fixée à 10h avec une arrivée prévue à 17h si tout se passe bien. Une “bonne” journée de moto s'annonce, avec un parcours de liaison qui va me paraitre plus long au fil des tours et l’horloge tourner de plus en plus vite... Pour moi le but de la journée est de rouler toute la journée sans faire d'erreur en étant le plus régulier possible.
Dès le départ nous entrons dans la banderolée « décharge » pour le premier chrono. J’ais du mal à me mettre dans le rythme mais nous sommes tous logés à la même enseigne ! Cela se passe correctement (16ème) mais en sortie de speciale je ne regarde même pas mon temps, préférant reprendre mon Camelback au plus tôt pour repartir en liaison et ainsi ne pas me faire piéger lors du premier tour car je ne sais pas quelle marge j’aurai aux contrôles horaies.
La liaison jusqu’à l’enduro test annonce la couleur de la journée car malgré les pluies de la nuit qui ont transformé les chemins en ruisseaux les temps « A » ont été conservés. Cela ajoute de la difficulté et devient technique.
L’enduro test typée « trêfle » est déjà un peu marquée, il va falloir enchainer les virages en anticipatant un maximum pour en ressortir le plus vite possible. Cela se passe moyennement car je commets beaucoup trop d'erreurs pour un mondial où rien ne pardonne, donc je ne sors que le 20ème temps. Pas le temps de gamberger, Fred Lambert nous a prévenu que la liaison à suivre est serrée donc j’enchaine et effectivement c’est très cassant avec énormément de rochers et de cailloux mais je n’ai pas le choix, il me faut tenir le rythme.
Une montée annoncée compliquée dans le CH serré est annulée car les top pilotes E2 ne parviennent pas tous à monter donc une deviation sur une grande piste « pikes peak » est empruntée pour rattraper le tracé initial. Je m’amuse dans les grandes descentes caillouteuses où ça tabasse, rassuré que je suis par la solidité de mon sabot Méca System. Je pointe avec deux minutes d'avance, ce qui est bien.
Avant de rentrer dans l’extrême test, quelques dificultés glissantes en montée (dans les cailloux pour changer) me font monter en température. J’observe les autres pilotes avant de m’élancer et c’est parti. Erreur interdite sous peine de le payer chèrement. Et je m’en sors très bien pluisque je décroche le 16ème temps de la catégorie.
Retour au paddock. A chaque CH j’ai environ 5/6 minutes pour manger et reprendre des forces pendant que l’équipe SHERCO et mes parents vérifient ma moto qui heureusement n’a pas souffert et c’est reparti pour la liaison qui ce coup ci est bien plus simple car nous empruntons beaucoup de route.
Dans la cross test je chute et laisser filer un temps précieux. J’enrage car je sais que la catégorie est si relevée que cela hypothèque mes chances pour la journée. Malgré tout je me reconcentre et hormis quelques calages je fais de bonnes spéciales, me classant dans les vingt premiers.
Pour conclure la journée je change mon pneu arrière pendant que les mécaniciens SHERCO vérifient tout. Ils réparent la lumière, un fil s’étant coupé et je remets la moto au parc, fatigué mais heureux. Je file consulter le pan neau des résultats, je termine 17ème de la journée et empoche les 4 points qui vont avec. J’espérais mieux mais compte tenu de mes petites erreurs cela reste correct.
Dimanche matin, retour aux affaires. Je ne suis pas trop marqué physiquement et il ne pleut pas donc la journée s’annonce bien. Je m’élance confiant mais malheureusement, dès le premier chrono, je chute et perds énormément de temps (environ 30 secondes). Cela me marque mentalement, je viens de prendre un grand coup derrière la tête.
A ma grande surprise le parcours de liaison n’a que très sensiblement évolué et donc je sais quel rythme adopter pour pointer à l’heure. D’ialleurs laliaison ne sera qu’une formalité tout au long de la journée.
Si j’ai de bonnes sensations physiquement il en est tout autrementalement. Ma tête ne suit plus, je ne suis plus dedans.
Cela se vérifie dans les spéciales suivantes où je multiplie les petites erreurs qui mises bout à bout font une grande différence. Et comme pour ne rien arranger je cale encore cela me relègue loin des meilleurs.
C’est vraiment une journée noire pour moi mais je persiste, je n’ai pas fait tout ces kilomètres pour baisser les bras. La fin de journée sera un peu plus à mon avantage mais le mal est fait, il est trop tard pour recoller au peloton de tête. Je cloture la journée à la 22ème place.
Au terme de cette manche du championnat du monde qui a été pleine d’enseignements et une expérience extraordinaire mon bilan est le suivant :
Physiquement j’ai le niveau pour endurer les efforts d’une journée de mondial mais je manque de rythme en début de journée. Je devrai faire en sorte d’être « réveillé » musculairement plus tôt, cela pouvant passer par un footing matinal ou un peu de vélo avant le départ.
Mon pilotage n’est pas encore assez précis. Je dois gommer toutes les petites erreurs qui sont récupérables en championnat de France mais pas sur une épreuve du championnat du monde. Je devrai aussi renforcer mon entrainement dans le défoncé, rouler plus en motocross pour justement garder le rythme dans les portions marquées et les grosses ornières.
Pour le reste cela passera par l’expérience et pour cela rien ne remplace la course, donc j’espère que mon budget me permettra de rouler le Grand Prix d’Italie, prochaine épreuve au programme.
Encore merci à toute ma famille, à l’équipe SHERCO et à tous mes partenaires qui rendent ceci possible !
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